Henri Nyakarundi est un entrepreneur forcené de la tech au Rwanda. De retour des États-Unis en 2012, après avoir vécu 16 ans à Atlanta, il lance immédiatement son entreprise de kiosque solaire. Aujourd’hui, avec une motivation intacte, il explique son nouveau projet.
Son idée initiale était un kiosque solaire permettant de charger les téléphones. À l’époque, il développe un prototype en Pologne avec les économies liées à la vente de ses activités aux US. Il souhaitait créer des micro-franchises pour les femmes et les personnes aux capacités motrices réduites. Entre ses estimations et la réalité, il comprit rapidement que le pouvoir d’achat local ne permettrait pas de rentabiliser ses kiosques. 70% de la population rwandaise est rurale et gagne entre 2 à 5 $ par jour. Il n’était pas possible de faire payer une recharge plus de 10 centimes de dollars, soit 10 fois moins que ce qu’il avait pu imaginer depuis les États-Unis. Il décida alors d’augmenter les fonctions de son kiosque afin d’augmenter les sources de revenus pour les franchisés. La seconde version fut un succès.
Le kiosque dernière génération permet de charger les téléphones, fournir du Wi-Fi, régler de nombreuses factures et fournir des services administratifs. Aujourd’hui, plus de 80 kiosques sont en fonctionnement au Rwanda. Les micro-franchisés peuvent gagner entre 80 à 100 dollars par mois, soit deux fois plus que le salaire moyen Rwandais et que le salaire d’un agent télécoms franchisé (MTN, Airtel). En Uganda, World Vision vient d’acheter 15 kiosques pour fournir le Wi-Fi dans les camps de réfugiés et offrir la possibilité à des membres de la communauté de réaliser des activités rémunératrices. Il est également en pour-parler avec les grandes compagnies de télécoms rwandaises pour optimiser leurs kiosques existants.
Aujourd’hui, ARED, l’entreprise d’Henri, n’est pas rentable sur cette activité de kiosque solaire. En revanche, Il revendique 20 à 30 connections Wi-Fi journalières par kiosque. À chaque connexion, une publicité s’affiche offrant ainsi des revenus complémentaires à la société. C’est sur ce constat qu’Henri a décidé de modifier son business model. Il commence dès à présent à fournir un système Wi-Fi intelligent. Il s’agit d’un microprocesseur équipé d’une capacité de stockage d’un Térabyte, fournissant internet et permettant de faire du Edge computing. Le software installé sur cet ordinateur / routeur se base sur la technologie Embedded system. La fonction première de ces hot-spots est la gestion des connections intelligentes en fournissant à chaque utilisateur un identifiant, en analysant de manière précise les consommations et en contrôlant les sites accessibles. Ce sont les fonctionnalités que l’on retrouve déjà dans les grandes chaines d’hôtels et les aéroports internationaux. Henri s’est donné comme mission de démocratiser rapidement cette solution, qui est la première phase de développement de sa nouvelle stratégie. La fonction adjacente et fondatrice du projet d’Henri est de faire communiquer entre eux chaque hot-spot fourni par ARED et créer ainsi un réseau local de type LAN (Local Area Network) en utilisant chaque box comme un DCE (Data Communication Equipment) sur de grandes zones géographiques.
Actuellement, les routeurs de la société ARED ont une portée de 2 à 5 km. Il estime qu’il faudrait l’installation de 500 à 1000 routeurs pour couvrir un pays comme le Rwanda. ARED offre aujourd’hui son routeur gratuitement aux compagnies de télécommunication lorsque les clients comme les restaurateurs, les hôtels, les centres commerciaux et les cliniques privées acceptent qu’une publicité s’affiche pour chaque connexion d’utilisateur. Dans le cas contraire, le routeur est payant.
Un réseau local de type Ethernet à grande échelle présente de nombreux avantages. En premier lieu, le coût pour l’utilisateur est très faible, il peut même être nul. Alors que chaque connexion au réseau 3G et internet représente un budget mensuel conséquent pour chaque habitant sur le continent Africain. Un réseau local pourrait permettre aux utilisateurs d’obtenir des informations importantes sans avoir à consommer leur forfait : informations météorologiques, actualités nationales et internationales, téléchargement d’applications (apps store) utiles, applications éducatives, informations publiques, calendrier officiel, recommandations sanitaires, etc.
Henri explique que la finalisation du software / firmware devant équiper chaque Box devrait porter l’investissement R&D de la société sur ce projet à plus de 350 k$. Sur la base de l’Embedded system, il s’agit ici de high performance computing (HPC), c’est-à-dire associer les capacités de calcul de chaque processeur présent dans les « routeurs » pour augmenter la puissance de traitement globale du réseau. Les défis d’ARED dans les prochains mois sont les suivants :
– trouver le bon software pour fragmenter les données, afin qu’elles circulent plus rapidement sur le réseau local ;
– trouver un partenaire international ayant des compétences sur l’ensemble des challenges technologiques ;
L’ambition d’Henri est forte. Il souhaite installer son réseau de Hotspots Wi-Fi dans 10 pays d’ici à 5 ans. Il cherche à lever 1 M$ et est déjà soutenu par Green Tech Capital et Aprik Digital.